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Oui, c’est possible !

Au début du XVIIème siècle saint François de Sales faisait voler en éclat l’idée préconçue que voici : la sainteté est l’affaire d’une élite.

En effet, l’image du monachisme répandue à travers l’Europe chrétienne, celle plus ancienne des martyrs des premiers siècles, ou encore celle plus prestigieuse des Pères de l’Eglise et des grands docteurs ; toutes ces images avaient contribué à faire considérer la sainteté comme une conquête ardue, apanage d’un petit nombre certes méritant mais privilégié.

A contre-courant, l’évêque de Genève va enseigner que la sainteté est l’affaire de chacun pour peu que l’on s’attache à accomplir son devoir d’état généreusement sous l’égide de la Grâce divine et faire un tant soit peu confiance en l’Eglise dispensatrice de cette même Grâce.

La sainteté, pour rebutante qu’elle apparaisse pour beaucoup, est au contraire suave et hautement désirable

La sainteté, c'est trop pour moi ?

Cependant, plusieurs obstacles se dressent contre l’établissement d’une sainteté véritable …

Pour beaucoup, une idée trop élitiste de la sainteté leur fait baisser les bras : « c’est trop pour moi, je ne peux y prétendre ». Peut-être que parmi ceux-là certains seraient hypocrites voyant dans ce prétexte la justification d’une débauche qu’il serait vain de combattre et qu’il est si confortable de maintenir ; mais les plus nombreux, et plus sincères, semblent toutefois ignorer que Notre-Seigneur n’a pas mis le prix de la Croix pour que le plus grand nombre n’ait pas accès à cette perfection auquel Il nous appelle tous.

Dieu peut tout mais demande simplement notre assentiment, notre humble collaboration : comment douter qu’Il puisse faillir !

Un autre obstacle est celui du quiétiste qui refuse tout effort objectant la miséricorde divine : quel manque d’amour ou alors quel manque de science ! Reconnaître le tendre Amour de Dieu n’est-il pas une exigence impérative et amoureuse d’y correspondre ? Ou alors pouvons-nous croire que l’ordre naturel établi par Dieu dans lequel s’ancre l’ordre moral est un chemin de souffrance auquel il faut bien se soumettre bon an mal an ?

« Un saint triste est un triste saint » comme le dit le même saint François de Sales, c’est-à-dire que la sainteté véritable est en fait le ré-épanouissement de la nature humaine qui, bien que blessé par le Péché originel retrouve avec l’aide de la Grâce l’harmonie voulue par Dieu lors de la Création et qui sera plénière au Ciel que nous qualifions justement de Béatitude éternelle. En effet, la sainteté, pour rebutante qu’elle apparaisse pour beaucoup, est au contraire suave et hautement désirable !

Chanoine Alexis d’Abbadie d’Arrast

Fête de tous les Saints - 31ème semaine du temps ordinaire

Oui, c’est possible !

Un dernier obstacle pourrait être qualifié d’obstacle mondain : c’est celui de l’orgueilleux qui convaincu de son excellence voit dans ses propres fautes la marque de son prochain ou de la société ou encore d’autres éléments exogènes qui le dédouanent de toute culpabilité et le dispensent de toute conversion ou ascèse. Il est si facile de voire la paille dans l’œil du prochain et être aveugle au sujet de la poutre présente dans le sien.

La fête de la Toussaint cherche avant tout à honorer la multitude des saints anonymes qui peuple le Paradis et constitue l’Eglise triomphante. Cependant elle doit être perçue aussi comme un appel et un encouragement à notre propre sainteté car : « oui, c’est possible ! ». Et malgré les obstacles, Dieu, qui fonde notre Espérance, nous appelle à la conversion et la rend accessible indubitablement.
Alors réjouissons-nous, cette fête de la Toussaint est sans doute d’abord la nôtre !

Honorer la multitude des saints anonymes

Chanoine Alexis d’Abbadie d’Arrast

11 nov. 2023

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