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Voilà 25 ans aujourd’hui que j’essaie de suivre le Christ, et il marche toujours trop vite pour moi !
En 25 ans, j’ai accumulé pas mal de colères : contre mes confrères qui me semblent trop vite résignés, contre les chrétiens tièdes qui ne parlent que de valeurs, contre certains paroissiens qui veulent profiter de moi, confisquer l’Eglise ou même manipuler le Bon Dieu ! Et surtout, je suis en colère contre moi-même. J’aimerais bien, comme Jean et Jacques, faire tomber le feu sur tous ces gens-là et les détruire ! Mais alors, Jésus se retourne vers moi et je vois tant de douceur sur son visage que toutes mes colères tombent. Jésus est mort pour eux : comment ne pas les aimer ? Il est mort pour moi : comment ne pas m’accorder un peu d’amour ?
Alors, je remets la main à la charrue, je laboure la terre dure de notre existence, car je sais qu’un trésor y est caché : Jésus-Christ, le Royaume de Dieu !
En 25 ans, j’ai également essayé de me préserver quelques habitudes et quelques certitudes, quelques oreillers où reposer ma tête bien fatiguée ! Je collectionne les péchés mignons, les petits arrangements, les stratégies pastorales… Mais alors Jésus me regarde et son visage est si déterminé, si volontaire ! Je ne peux pas laisser Jésus partir seul à la mort. Je dois le suivre, et tant pis pour mon confort douillet !
En 25 ans, j’ai dû vivre beaucoup de deuils, de séparations, de déménagements. Ah ! La paroisse de Brienne où je découvrais tout, où chaque sacrement donné était pour moi le plus grand des événements ! Ah, mes années à St André, où, jeune vicaire, je n’avais pas à m’occuper des clefs, des carreaux cassés, des chauffages qui ne se rallument pas ou des sonos en panne… où je ne faisais que de la pastorale ! Et ces après-midis à la maison d’arrêt de Troyes où les rencontres avaient saveur d’évangile, et ces soirées auprès des jeunes grâce à qui j’ai pu vivre les mille jeunesses que je n’avais pas vécues ! Et encore ces cinq ans à Notre Dame des Trévois, où tout était si unifié : une seule église, une seule messe, une seule communauté ! Comment ne pas repenser à ces visites dans les maisons de Medellin où j’avais le temps de bénir,
de consoler ou simplement de partager ! Quand Jésus me sent trop pris par mes nostalgies, il me fixe de son regard, de ce regard qui ouvre un avenir, qui inaugure le Royaume, qui m’introduit dans ce Paradis, où Il fait toutes choses nouvelles. Ce Jésus a les paroles de la vie éternelle, comment pourrais-je me replier sur mon passé ? Il me redit alors : « toi, Laurent, pars et annonce le Royaume de Dieu ». Comment pourrais-je lui résister ?
père Laurent
13ème dimanche du temps ordinaire Année-C
25 ans!
En 25 ans, j’ai eu le temps de m’attacher à des personnes, des prêtres ou des séminaristes avec qui j’ai eu le sentiment de former vraiment une équipe, des paroissiens qui m’ont fait confiance et que j’ai pu accompagner pendant plusieurs années, des personnes que j’ai aimées et qui ne s’en sont jamais douté. Je voudrais parfois….souvent… les garder pour moi, me les approprier. Et là encore, Jésus se retourne vers moi et me demande de faire un choix. « M’aimes-tu plus que ceux-ci ? ». Et je Le choisis Lui, car je sais qu’en Lui tous les autres me sont donnés, tous ceux que j’ai aimés. Je sais que dans son cœur, je vais retrouver la foule de mes amis. Alors, je remets la main à la charrue, je laboure la terre dure de notre existence, car je sais qu’un trésor y est caché : Jésus-Christ, le Royaume de Dieu !
père Laurent
24 juin 2022
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