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Quel est le culte le plus authentique ?

Quelle est la prière par excellence du chrétien ? Quel est le culte le plus authentique ? « Célébrer la messe », répondront la plupart des catholiques, et ils auront raison !


« Adorer le Seigneur dans le silence », préciseront les contemplatifs, à juste titre….
D’autres encore, plus actifs, ajouteront : « et rendre service à ses frères les plus pauvres », et ils seront dans le vrai.

Pourtant, saint Paul fait une réponse différente : « présentez-lui votre corps en sacrifice vivant »… Le traducteur atténue l’expression en ajoutant entre parenthèses : c’est-à-dire votre personne.

Mais il s’agit bien de corps ! Notre religion est très corporelle : Dieu crée notre corps, il prend chair de notre chair, il demeure avec nous en nous partageant son corps et son sang, et sa résurrection annonce la résurrection de notre chair !

« Tu seras la louange de mes lèvres ». Après la soif, voilà l’inondation, le débordement, le jaillissement !

L'âme qui a soif


D’ailleurs toutes les lectures de ce dimanche constituent un cours d’anatomie spirituelle ! Tout notre corps est fait pour Dieu ! Cela commence avec le cœur : « la Parole était comme un feu brûlant dans mon cœur » (Jérémie). Je l’ai souvent répété : dans la Bible, le cœur n’est pas le siège des sentiments, mais celui de la volonté, de la mémoire et de l’intelligence. Notre cœur est un buisson ardent appelé à battre au rythme de la Parole de Dieu. Les orientaux aiment calquer leur respiration sur tel ou tel verset de la Bible. Les occidentaux, nous préférons tout relire et tout relier dans notre cœur à la manière de Marie, précieux écrin de la Parole de son Fils.

Jérémie continue : « la Parole était enfermée dans mes os ». La Parole est notre moelle ! Dans le judaïsme on compte 248 obligations, correspondant aux 248 os du corps humain. Jérémie va plus loin encore : la Loi de Dieu est plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes, sa parole est notre colonne vertébrale, ce qui nous met debout ! Est-ce une expérience réservée aux mystiques que sont les prophètes ? Le psaume va nous rappeler que cette expérience est à la portée de quiconque.

Le psalmiste évoque en effet l’âme qui a soif. L’âme, me direz-vous, ce n’est pas le corps. Certes ! mais en hébreu, l’âme, « nefesh », c’est la gorge, le lieu de la soif, du besoin, de la respiration. L’âme serait cette fine pointe de notre corps sans cesse tendue vers Dieu, et par laquelle passerait l’eau vive et le souffle saint de notre Père. Puis le psalmiste décrit sa chair comme une terre craquelée et assoiffée. « Quand on est malade de soif, on ne se représente plus l’acte de boire par rapport à soi-même, ni même en général l’acte de boire. On se représente seulement l’eau, l’eau prise en elle-même, mais cette image de l’eau est comme un cri de tout l’être ». (Simone Weil).
« Tu seras la louange de mes lèvres ». Après la soif, voilà l’inondation, le débordement, le jaillissement !

Père Laurent Thibord

22ème Semaine du Temps Ordinaire (2023)

Quel est le culte le plus authentique ?

Notre corps est le lieu de l’attente de Dieu, mais aussi de la manifestation de Dieu ! Le psalmiste y va fort : Dieu est égal à notre louange ! Il habite nos chants, il se manifeste en eux ! Le culte à Dieu nous identifie à Lui, nous fait entrer en communion avec lui, comme deux morceaux de cire qui ne forment plus qu’une seule boule !
« Je lèverai les mains en invoquant ton nom ! »

La louange qui jaillit des lèvres a quelque chose d’immatériel, mais les mains, elles, sont terriblement concrètes, tellement physiques ! Dieu n’a pas peur de saisir tout notre corps, même et surtout ces mains qui caressent, qui travaillent, qui se salissent… et qui peuvent saisir d’autres mains !

Sans doute courons-nous le risque de perdre pied, de ne pas garder les pieds sur terre. Mais voilà Jésus qui conclut ce cours d’anatomie, en nous obligeant à marcher à sa suite. La foi entre par les pieds ! Jésus marche sans cesse, et il nous invite à sa suite. Malheur à qui se met sur notre chemin : même Pierre si fier d’être la pierre sur laquelle l’Eglise va être construite est appelé Satan lorsqu’il devient pierre d’achoppement, pierre qui fait tomber sur la route.

A Lourdes, j’ai découvert le dernier film sur Bernadette : « je m’appelle Bernadette ». On la voit souvent de dos, marcher d’un pas décidé…. Partant vers la grotte, malgré les interdictions, ou partant vers sa vocation et vers Nevers, malgré la tristesse de ses parents. Oui notre corps est fait pour Dieu : mettons-nous en route ! Jésus a offert son corps. Faisons de même ! Voilà le culte véritable !

Mettons-nous en route

Père Laurent Thibord

10 sept. 2023

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