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Un aveugle au bord du chemin: c’est avec les yeux fermés qu’il faudrait écouter l’Évangile d’aujourd’hui, afin d’essayer de visualiser la scène.
Il y a cet aveugle, assis au bord du chemin, qui mendie. On peut essayer d’imaginer ce qu’est sa vie. Tout d’abord, il est aveugle, ce qui veut dire qu’il ne voit pas. Il est en marge de la société. Alors que les autres sont sur le chemin, lui est au bord. Alors que les autres sont debout, lui est assis. Nous pouvons imaginer ce que ces différences d’attitudes disent de sa vie.
La foule, ensuite. Elle est nombreuse, et elle suit Jésus. On peut l’imaginer enthousiaste. Elle a vis à vis de cet aveugle un mouvement de rejet. Elle veut le faire taire. Il n’est pas normal qu’un mendiant puisse importuner Jésus dans sa marche.
Quelles sont mes cécités, mes obscurités ? Quels sont les aspects de ma vie que j’ai du mal à regarder ?
Tout change
Revenons à l’aveugle. Il appelle le Maître qui passe. Son cri, « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! », est l’expression en même temps de sa détresse et de sa confiance. Il voit, lui, qui est Jésus. « Fils de David », c’est l’appellation du Messie attendu. Il y a dans son cri un acte de foi remarquable.
Puis il y a Jésus. Lui entend le cri de l’aveugle, et, surtout, le prend en compte. « Appelez-le ». Ces deux mots marquent un tournant dans ce récit.
La foule change d’attitude. Elle dit à l’aveugle : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle ». Il y a dans ces mots comme une invitation pour l’aveugle de quitter sa posture de mort. Dans le grec de l’Évangile, « lève-toi » signifie aussi « ressuscite ». Et aussitôt l’aveugle jette son manteau, bondit, et coure vers Jésus. En jetant son manteau, il quitte sa condition d’exclu (le vêtement dans la Bible symbolise la personnalité de celui qui le porte). Son manteau est tout ce qu’il possède. Il abandonne tout ce qu’il a pour bondir vers Jésus. Il passe de la position assise à la position debout, du bord du chemin au milieu du chemin avec Jésus.
« Va, ta foi t’a sauvé ». Jésus délivre l’homme de ce qui le paralysait. Et le don fait par Jésus va au delà de la guérison physique, au delà de ce que l’homme demandait. Aussitôt, l’homme retrouve la vue, et suit Jésus sur le chemin. Or ce chemin n’est pas n’importe lequel. Si l’on reprend l’itinéraire de Jésus dans l’Évangile de Marc, c’est le chemin qui mène vers Jérusalem, vers la passion et la croix, vers la résurrection. « Lève-toi ».
Père Jérôme Berthier
30ème semaine du temps ordinaire - Année B
Confiance, lève-toi : Il t'appelle
Après avoir fermé les yeux pour regarder cette scène, nous pouvons les ouvrir de nouveau pour nous regarder aujourd’hui. Dans ce que Dieu nous fait découvrir aujourd’hui, quelle invitation pour nous, pour moi ? Jésus ouvre les yeux de cet aveugle, et c’est cela qui va lui permettre de suivre Jésus sur le chemin.
Quelles sont mes cécités, mes obscurités ? Quels sont les aspects de ma vie que j’ai du mal à regarder ? Cette prise de conscience n’est pas toujours simple, facile. Et pourtant il me semble que nous avons tous de telles zones d’ombre en nous. Des souffrances, des aspects de nos vies par exemple que nous avons du mal à regarder.
Puis, au cœur de cette obscurité, m’entendre dire : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle ». Laissons cette invitation résonner dans nos cœurs. C’est elle qui change tout. Avec tout ce que je suis, tout ce qu’il y a dans mon cœur, Dieu s’intéresse à moi et me propose un chemin, un chemin de vie, un chemin de résurrection. Ce qu’a vécu cet aveugle, assis au bord du chemin, Dieu nous invite à le vivre aussi aujourd’hui. « Que veux-tu que je fasse pour toi ? ». A chacun de nous de demander ce dont nous avons besoin, envie, d’être guéris.
Dans nos obscurités
Père Jérôme Berthier
23 oct. 2021
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